« Est-ce que tu peux m’expliquer ce que tu faisais dans la cuisine ? » Albator n’était pas très content de ce qui s’était passé. « Heu… je voulais faire le dîner, » répondit Alfred. « Tu voulais refaire cuire du riz ? » rétorqua Joe. « On le connaît, ton riz. Immangeable. A croire que tu voulais plutôt tester tes détecteurs d’incendie. » « Et alors ? Au moins ils fonctionnent ! » lança le professeur. « Ca suffit ! » dit Albator. « Joe, tu vas nettoyer la cuisine, et toi, Alfred tu vas rajouter quelque chose à ces détecteurs. Il manque des extincteurs automatiques. Et n’oubliez pas que sans monsieur Pierson, vous ne seriez probablement plus en vie à l’heure qu’il est. » « Merci monsieur Pierson. » dirent les deux rescapés avec plus ou moins d’entrain. « Maintenant, allez faire ce que je vous ai dit, » ordonna Albator. « Quant à vous, Abel, j’aurais besoin d’avoir une conversation avec vous. Pouvez-vous me rejoindre dans mon bureau dès que possible ? » ******** « Vous vouliez me voir, capitaine ? » Methos était légèrement inquiet, car il se doutait de la raison pour laquelle il était convoqué. « Oui, » dit celui-ci. « J’ai quelques explications à vous demander. » ‘Aïe aïe, on y vient,’ pensa Methos. « Je voudrais que vous m’expliquiez comment vous avez, par deux fois traversé un brasier ardent, sans en garder la moindre brûlure, » s’enquit Albator. « Eh bien, disons que j’ai un épiderme très résistant, » essaya Methos. « Je vais être un peu plus précis, » ajouta le corsaire. « J’ai vu votre visage dans la cuisine. Vous aviez une grave brûlure sur la joue. Elle n’y était plus quand nous sommes sortis. Votre épiderme résistant est-il aussi ultra-cicatrisant ? Et pourriez-vous m'expliquer comment vous survivez plus de dix minutes dans l'espace sans oxygène ? » ‘Bon, nous y sommes,’ réfléchit l’Immortel. ‘C’est le moment de prendre une grave décision.’ Révéler son Immortalité n’était une chose ni aisée ni courante. Durant ses millénaires d’existence, bien peu de mortels avaient partagé son secret. Il avait vu les problèmes que cela avait causés à Amanda. Elle s’était révélée à un pré-Immortel, et tout ce qu’elle en avait tiré c’était de partager avec lui un peu plus d’un an d’aventures toutes plus ridicules les unes que les autres. Elle n’avait pas tardé à le décapiter d’elle-même quelques semaines après la première mort de celui-ci. D’un autre côté, le capitaine saurait s’il lui mentait, et lui en voudrait probablement. Peut-être même ne voudrait-il plus l’aider à libérer Duncan et Richie. Non. Il l’aiderait probablement de toutes façons, c’était un homme d’honneur. Bien que n’étant pas Immortel, il s’était élancé dans les flammes pour aller sauver ses hommes d’équipages, ses amis. Duncan lui avait fait comprendre la valeur de l’honneur, et Richie lui avait fait comprendre la valeur de l’amitié. A tout prendre, mieux valait choisir l’amitié d’un homme d’honneur. « Je peux tout vous expliquer, » se décida Methos. « Mais il faut que vous me donniez votre parole de Capitaine que ce que je vais vous révéler ne sortira pas de cette pièce. » « Vous avez ma parole de Capitaine, » promit Albator. « Eh bien voilà : je ne m’appelle pas vraiment Abel Pierson. Mon nom est Methos, je suis né il y a plus de cinq mille ans dans une tribu de l’âge de bronze dont je ne me rappelle plus rien, j’ai été l’un des quatre Cavaliers de l’Apocalypse, j’ai connu Socrate, j’ai vu la princesse Diana, et … » il sortit son épée de son imperméable « et je ne peux pas mourir. » Il enfonça l’épée dans son cœur qui cessa de battre. « Abeeell ! » hurla Albator en se précipitant vers Methos, arrachant l’épée. « Pas Abel, » dit l’Immortel, reprenant presque immédiatement son souffle. « Methos. » Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre. ******** « Le capitaine se porte mieux ? » Inquiète pour les brûlures d’Albator, Nausicaa était retournée à l’infirmerie prendre des nouvelles. « Ses brûlures sont étendues, mais pas sérieuses, » répondit le docteur. « Je comptais justement passer voir comment il se sentait. Vous voulez m’accompagner? » « Très volontiers. » ******** Personne ne répondit à la porte quand Nausicaa et le docteur frappèrent. « Ça m’inquiète, » dit Nausicaa. « Il a l’air d'être là, la lumière est allumée. Peut-être devrions-nous rentrer voir si tout va bien. » « Je n’oserais jamais rentrer chez lui comme ça, » protesta le docteur. « Je vais le faire. Ne vous inquiétez pas, » le rassura Nausicaa Après avoir encore frappé à la porte, Nausicaa entra dans la pièce. Ce qu'elle y vit la stupéfia. Albator et monsieur Pierson étaient sur le divan, nus comme des vers. Monsieur Pierson roucoulait tandis que le capitaine corsaire lui mordillait l'oreille. N'en pouvant plus, Nausicaa referma la porte. « Alors ? Il va bien ? » demanda le docteur. « Je n’ai jamais vu tant de parties d'anatomie masculine, » se contenta de répondre Nausicaa avant de s'enfuir en pleurant. Arrivée dans sa cabine, Nausicaa pleura encore pendant une bonne demi-heure sur son lit. Puis elle se décida à se relever, et se dirigea vers sa console d'ordinateur. « Ordinateur, » commença t’elle. « Veuillez établir un appel crypté vers le Queen Emeraldia par le système de communication instantanée. » ******** Dans la salle de réunion, Toshiro avait rejoint Albator et Methos pour choisir un plan d’action. « La planète Ardros 4 est lourdement défendue, » fit tout d’abord remarquer le professeur. « C’est un quartier général de secteur, il doit y avoir plusieurs flottes humanoïdes en orbite. » « Quatre en temps normal, » répondit Albator. « Ce qui veut dire qu’il n'y en a qu'une seule actuellement. » « Comment cela ? » demanda Methos. « Nous avons été attaqués par trois flottes humanoïdes simultanément, » expliqua le capitaine corsaire. « Elles ne pouvaient venir que du QG de secteur le plus proche, c'est à dire d'Ardros 4. Comme nous les avons anéanties dans la bataille, cela signifie que la planète n'est plus défendue que par une seule flotte. » « Tout va bien, alors, » dit Methos. « Une seule flotte ne représentera aucun problème face à l'Atlantis ? » « Ne vous réjouissez pas trop vite, » prévint le professeur. « L’Atlantis a été très fortement endommagé dans la bataille. Nous pouvons vaincre cette flotte, mais le combat risque d'être rude. » ******** « Nous arrivons en bordure du système d’Ardros, » annonça Mima. « Parfait, » dit Albator « Ralentissez les machines, nous approcherons suffisamment lentement pour éviter d’être détectés. » « Capitaine, un vaisseau s’approche de nous. » Nausicaa semblait inquiète. Les humanoïdes les avaient-ils déjà détectés ? « Ce n’est pas un vaisseau humanoïde, » dit Alfred. « C’est le Queen Emeraldia! » « Emeraldia demande à monter à bord, » dit Mima. « Quelle idée de demander ? » s’exclama Albator. « Bien sûr qu’elle peut monter. » ******** Methos était sur la passerelle quand il sentit le bourdonnement familier annonçant l’arrivée d’un Immortel. Se retournant, il vit arriver une grande femme, vêtue des mêmes habits de corsaires qu’Albator. Elle avait toujours ses deux yeux, mais la même cicatrice courait sur sa joue gauche. Derrière elle se trouvait la petite fille qui accompagnait souvent le docteur, tenant son chat dans les bras. « Je veux savoir à qui j’ai affaire, » dit-elle. « A qui j'ai vraiment affaire. » « Mon nom est Methos, » répondit-il. « J’imagine qu’on vous a parlé de moi ? » « J’ai eu effectivement certains détails, » reconnut-elle, lançant un regard vers Nausicaa. « Je suppose que nous devrions régler ce différend, » proposa t’il, tirant son épée. « Tout à fait d'accord. » Elle sortit du fourreau son sabre de corsaire. Se jetant l’un sur l'autre, ils engagèrent le duel Elle dirigea son sabre vers le cœur de son adversaire, mais celui ci para aisément, utilisant cette menace pour reprendre l’avantage sur elle. Le combat dura ainsi plusieurs minutes, l’agilité d'Emeraldia s’équilibrant avec l’expérience de Methos. Les membres d’équipage assistaient au combat, n’osant intervenir. Nausicaa espérait même qu’ils allaient s'entretuer, ses deux rivaux pour le cœur du Capitaine Albator pouvant ainsi s’éliminer d’eux-mêmes. Le combat aurait pu continuer indéfiniment si un événement imprévu pour Methos n’était pas arrivé. Concentré qu’il était, il mit quelques moments avant de réaliser que le signal de l’Immortel qu’il ressentait s’était dissocié de son adversaire. Emeraldia était en face de lui, et le signal venait maintenant de derrière lui. Emeraldia comprit tout de suite l’avantage qu’elle pouvait tirer de ce relâchement de concentration. Chargeant, elle désarma Methos dont l’épée alla voler derrière celui-ci… …et se planter dans le corps du chaton. « Vous l’avez tué ! Vous avez tué mon chaton ! » La fillette avait aussitôt fondu en larmes, et s’était jetée sur Emeraldia, la martelant de petits coups de poing. Methos, de son côté, était plus qu’intrigué. Le signal Immortel qu’il ressentait avait stoppé d’un coup. A bien y réfléchir, le signal s’était arrêté juste après qu’il ait été désarmé. Il commença à avoir des soupçons, et alla interroger Nausicaa. « Depuis combien de temps a t’elle ce chaton ? » demanda t’il. « Nous l’avons trouvé il y a presque un an, pourquoi ? » répondit-elle. « Il a toujours été aussi petit ? » « En fait, il aurait du grandir plus, mais il a eu un problème de santé il y a six mois. Il a du être opéré, » raconta t’elle. « Nous avons cru l'avoir perdu sur la table d’opération, mais il a survécu. » « Perdu ? » demanda Methos. « Oui. Son cœur s’est arrêté un moment, » expliqua t’elle. « Puis il est reparti au bout de quelques secondes. Toujours est-il qu’il a arrêté de grandir depuis. » « Et c’est un chaton trouvé. Je crois que j’ai compris, » dit Methos. « C'est plus qu’étrange, mais je crois avoir compris. » Il alla se pencher sur le chat, et retira son épée de la petite dépouille. Presque aussitôt, avec un miaulement rauque, le félin remplit ses poumons d’air et se dressa sur ses pattes. Sa maîtresse détourna son attention d'Emeraldia et se précipita vers son chaton. « Il est vivant ! Oh, merci monsieur, merci beaucoup, » dit-elle, le chat dans les bras, allant embrasser Methos. « Aussi étonnant que cela puisse paraître, » dit Methos à Albator. « Ce chat et moi avons... certaines choses en commun. Je ne pensais pas que ce soit possible, mais je dois quand même admettre l’évidence. » Il se dirigea vers la petite fille pour lui donner quelques conseils. « Tu as un chat très spécial, ma petite, » lui dit-il. « Très beau mais très spécial. Mais il faudra faire attention à certaines choses : ne l’expose pas à une lumière trop forte, ne l’arrose pas d’eau, et surtout, ne lui donne jamais à manger après minuit. » « Heu… Vous êtes sûr d’être dans le bon crossover ? » demanda Emeraldia. « Oups, désolé, je suis un peu distrait, » s’excusa t’il. « Pour lui, il n’y a que deux règles à respecter. » « Ah bon ? » demanda la fillette. « Lesquelles ? » « D’abord, il ne doit pas se bagarrer avec d'autres chats comme lui dans une église, » énonça t’il. « Et ensuite, il doit se tenir le plus possible à l’écart des ventilateurs. C’est que c’est dangereux ces trucs là. » Il s’adressa ensuite à Emeraldia. « Je vous présente mes excuses, » dit-il. « Je vous avais pris pour quelqu’un d’autre. » « J’accepterais vos excuses, » répondit-elle, « si vous m'expliquiez pourquoi vous avez fait ce que vous avez fait avec le capitaine Albator. » « Disons que c’était plutôt instinctif, » tenta t’il d'expliquer. « Vous savez, quand on a connu la Grèce antique... Albator me rappelle un peu Socrate. Quand il était jeune, bien sûr. Je suis désolé de vous avoir causé de la peine, et, une fois de plus, je vous présente mes excuses. » « Socrate ? La Grèce antique ? Mais de quoi parlez-vous ? » demanda t’elle, interloquée. « De tout et de rien, » répondit Methos. « Albator pourra vous expliquer. Mais pour l’heure, nous avons plus urgent à faire. Mes amis sont retenus prisonniers des humanoïdes sur Ardros 4, et... » « Vous pouvez compter sur l’aide du Queen Emeraldia, » promit-elle. « Je ne laisserais jamais quelqu’un souffrir sous le joug des humanoïdes. » ******** « Commandeur, un vaisseau pirate s’approche de nous. » Le soldat semblait perturbé. La réputation des corsaires n'était plus vraiment à faire. « L’Atlantis ? » demanda le commandeur. « Zone avait promis de le détruire. Au lieu de ça, j’ai perdu trois flottes. Peu importe, il doit être suffisamment endommagé pour ne pas représenter une trop lourde menace. » « Euh, non, commandeur, » bredouilla le soldat. « Il s'agit du Queen Emeraldia. Et il est lourdement armé. » « Très bien, » soupira le commandeur. « Faites décoller la dernière flotte. » ********